Truanderie

Les finances des cafés-restaurants peuvent-elles justifier l’augmentation de l’espace dédié aux terrasses à Paris hors crise sanitaire ?

Si la Mairie a pris la décision de pérenniser les terrasses éphémères pour aider une profession touchée économiquement, comme semble le montrer le dossier de participation à la consultation, nous nous étonnons que les syndicats et la Mairie n’aient jamais présenté publiquement aucune étude objective l’attestant.

En effet, aucun syndicat professionnel n’a divulgué les chiffres d’affaires et les résultats qui ont été réalisés à Paris par la profession en 2020 grâce au développement des terrasses sur l’espace public, à la suspension des redevances des terrasses autorisées et aux aides gouvernementales et régionales.

En juin 2021, l’UMIH Paris-Idf se réjouissait de la gratuité des terrasses jusqu’en septembre 2021, arguant qu’elle allait permettre aux restaurateurs de reconstituer leur trésorerie. Quand on sait que la redevance médiane des terrasses à Paris est de 425 € / an, soit 35 €/mois, on se demande si le syndicat des restaurateurs n’a pas une tendance à l’exagération sur l’état des finances des restaurateurs parisiens et sur le coût des terrasses.

Au niveau national en revanche, des données ont été publiées :

  • Pendant la crise, les cafés-restaurants français ont profité de dispositifs de compensation généreux mis en place par le gouvernement, au point que malgré une activité en recul de 38,7 %, le résultat net des restaurants traditionnels a en même temps bondi de 34,7 % en 2020 en France d’après les études de l’ordre des experts-comptables relayées par les Echos.

Qu’en est-il à Paris ? Quel état des lieux peut-on dresser ? Quel est le bilan des terrasses dites éphémères ?

Quel que soit l’état des finances des cafés-restaurants, il ne peut justifier l’extension des terrasses à Paris de façon pérenne au détriment de la qualité de vie des riverains.

L’extension de la place des terrasses à Paris avec le nouveau Règlement va avoir des conséquences lourdes sur la qualité de vie des riverains (sommeil, tranquillité, circulation…) étant donnés le non-respect des règles par de nombreux établissements, les difficultés rencontrées par la Ville depuis des années à faire respecter ses propres règlements et les directives permissives qui continuent d’être données.

Anne Hidalgo connaît la situation qui est dénoncée depuis des années par les associations de riverains et il semble qu’elle a décidé de privilégier des intérêts privés au détriment des intérêts des riverains parisiens sans aucune justification tangible.

Le Collectif Droit au Sommeil Paris regrette amèrement qu’aucune explication argumentée et chiffrée n’ait été apportée par la Mairie pour justifier cette décision.

C’est à se demander si ce n’est pas la campagne présidentielle d’Anne Hidalgo qui a besoin des finances des cafés-restaurants.