Observatoire du bruit pour Paris, bilan 2023
DroitAuSommeil Paris suit les mesures BruitParif de 13 sites parisiens exposés au bruit récréatif. Ce suivi a été mis en place à la signature du Plan d’Amélioration de l’Environnement Sonore de la Ville de Paris, pour apprécier les résultats de cette politique de prévention du Bruit. Durant cette année 2023, DroitAuSommeil a régulièrement alerté les équipes municipales et la police municipale sur les dommages causés aux habitants fréquemment exposés à des niveaux de bruit de nuit dépassant les seuils préconisés par l’OMS et par la règlementation Européenne. L’OMS recommande durant la nuit d’assurer une exposition au bruit inférieure à 40 dB(A) pour les habitations, et alerte sur l’accroissement des dommages significatifs sur la santé des populations lorsque les habitations sont exposées à plus de 55dB(A) de moyenne durant la nuit. L’exposition des habitations à un bruit moyen de nuit supérieur à 65dB peut être considéré comme une atteinte directe au sommeil des habitants, générant des situations d’urgence sanitaire du fait de cette privation de sommeil. La commission européenne objective quant à elle les états sur l’atteinte des objectifs définis par la Directive Européenne sur le Bruit dans l’environnement: exposition pondérée sur 24 heures Lden<55dB, et exposition de nuit Ln<50dB.
A l’échelle parisienne, considérant les emprises et la répartition des terrasses et pôles d’attractivité touristiques et commerciaux sur l’espace public parisien, le collectif DroitAuSommeil Paris estime que du seul fait des bruits d’affluence en période de nuit, près de 15% de la population parisienne, soit 300 000 personnes, sont exposées à un niveau de bruit provoquant une gêne importante (Lden>60dB) et près de 1% de la population parisienne, soit 20 000 habitants, sont exposées à un niveau de bruit nocturne Ln>65dB, associé à une privation de sommeil générant des situations d’urgence sanitaire.
C’est dans ce contexte sanitaire préoccupant que DroitAuSommeil Paris dresse son bilan 2023 des sites récréatifs, et alerte une nouvelle fois les autorités parisiennes. En moyenne, plus de la moitié des nuits de l’année 2023 ont montré un niveau de bruit supérieur à 58 dB(A), correspondant à un bruit dépassant de près de 6 fois l’objectif de niveau de bruit de nuit à ne pas dépasser en Europe (50dB), 2 fois l’objectif intermédiaire de l’OMS pour les sites pollués (55 dB). Un quart des nuits de 2023 ont montré un niveau de bruit supérieur à 61dB(A), très au-delà du seuil de nocivité avérée !
Ces observations sont similaires à celles faites en 2022: Paris est totalement hors des clous dans sa prévention du bruit, la situation ne s’améliore pas et les autorités parisiennes ne semblent toujours pas prendre la mesure des dommages causés à sa population. Les intérêts économiques du business du tourisme et de la fête ne peuvent justifier une situation sanitaire si catastrophique. DroitAuSommeil appelle au réveil des autorités!
La comparaison annuelle pour chaque site montre des situations en forte dégradation: les sites de Paris Centre rue Montmartre, rue de la Ferronnerie et les bords du canal de l’Ourcq dans le 10e montrent une dégradation continue depuis 2021. La situation rue de la Ferronnerie peut être qualifiée d’insalubre du fait de l’exposition au bruit.
L’observation mensuelle des niveaux de bruit moyen de nuit montre 5 mois particulièrement affectés: en premier lieu Juin, avec près de 63.5 dB(A) de moyenne, puis Juillet (61.2 dB), Septembre (60.5 dB) Octobre (60.3 dB) et Mai (60.0 dB). L’action de prévention et de régulation doit donc se concentrer sur les mois d’été ; l’impact délétère des terrasses estivales et des débordements estivaux apparaît en filigrane.
Dans l’analyse des fréquences, 4 groupes de périodes se détachent: des groupes de périodes les plus « calmes » (61 dB de jour et 55 dB de nuit environ) aux groupes de périodes les plus bruyantes (65 dB de jour et 61 dB de nuit environ)