Face à une Mairie qui ne souhaite pas se doter de moyens de pilotage du bruit efficaces, le Collectif Droit au Sommeil Paris propose quelques outils à la hauteur de ses moyens :
- La Météo du Bruit : un bulletin qui fait la synthèse des relevés des sonomètres méduses installés par BruitParif.
- La cartographie des plaintes pour nuisances sonores nocturnes de terrasses issue de l’Open Data DansMaRue.
Petit rappel des faits sur les (in)actions de la Ville pour mettre en place une véritable politique de diminution du bruit nocturne :
La Ville de Paris préfère ne pas savoir
A Paris, il n’existe pas d’observatoire du ressenti sonore des Parisiens. Le Plan de Prévention du bruit dans l’environnement 2015-2020 prévoyait pourtant de « mieux connaître les attentes des Parisiens en réalisant une enquête globale bisannuelle de ressenti (baromètre de l’environnement sonore) ». Il s’agissait « d’apprécier l’évolution du ressenti des Parisiens et donc de suivre l’efficacité des actions mentionnées dans ce PPBE. » Cette étude devait servir « d’indicateur de progrès ». Cette mesure n’a jamais été mise en place depuis 8 ans.
Malgré les nombreuses réclamations reçues ces dernières années en Mairie et nos demandes dans le cadre de la consultation sur le nouveau Plan Bruit, la Ville de Paris a refusé de mettre en place un observatoire du ressenti sonore des Parisiens dans son Plan de l’Amélioration de l’Environnement Sonore 2021-2026 voté en 2022.
Une Mairie qui ne souhaite pas cartographier le bruit nocturne
Dans la partie » Quels objectifs pour le bruit dit de voisinage en 2026 ? » de son Plan de l’Amélioration de l’Environnement Sonore 2021-2026 (page 24), la Ville de Paris écrit « Contrairement aux bruits dans l’environnement, la modélisation sur l’ensemble du territoire des bruits dits de voisinage est aujourd’hui
impossible. En effet, il n’existe pas de facteurs d’émission de bruit liés aux activités, comme c’est le cas pour les transports. Il n’est donc pas possible d’extrapoler les niveaux de bruit sur l’ensemble du territoire en fonction des activités nocturnes présentes. »
Pourtant, sous la pression du Conseil de Quartier Halles-Beaubourg-Montorgueil, la Ville a diligenté une étude auprès de BruitParif qui a été capable de modéliser le bruit des terrasses dans ce quartier. Ses conclusions sont sans appel et viennent conforter les alertes de Droit au Sommeil Paris : « Le croisement des cartes de bruit avec les données de population à l’échelle du quartier d’étude a mis en évidence qu’il y a, durant la saison estivale et sur les périodes de soirée et de nuit, davantage de riverains concernés par le bruit des activités récréatives que de riverains concernés par le bruit routier« .
Pour la période de soirée, la proportion de personnes exposées à des niveaux supérieurs à 65 dB(A) (niveaux considérés comme critiques pour la santé sur le long terme) est de 6% dans le cas du bruit routier, alors qu’elle est de 12% pour le bruit des activités récréatives. En tenant compte du cumul des deux types de bruit, c’est 21% de la population du quartier qui serait exposée à des niveaux en soirée qui excèdent 65 dB(A).
BruitParif
Pour la période de nuit, le contraste est encore plus marqué avec 16% personnes exposées respectivement à des niveaux moyens de bruit nocturne supérieurs à 60 dB(A) pour les activités récréatives contre 3% pour le bruit routier. En tenant compte du cumul des deux types de bruit, c’est 21% de la population du quartier qui serait exposée à des niveaux nocturnes qui excèdent 60 dB(A).
Seules les études de BruitParif au niveau régional nous permettent d’avoir une idée du ressenti sonore des Parisiens, mais ces chiffres ne sont jamais exploités par la Ville.
Principaux enseignements de l’étude « Perception du Bruit en Île de France fin 2021 » concernant Paris
- 40 % des Parisiens citent le bruit et les nuisances sonores parmi les 3 premiers inconvénients à vivre en Île-de-France (vs. 36 % des Franciliens).
- 51 % des Parisiens ne sont pas satisfaits de l’environnement sonore à l’échelle de leur quartier (page 17).
- A Paris, 1 personne sur 3 (33 %) se plaint du bruit lié aux activités de bars, restaurants, etc. : c’est le premier facteur de bruit cité s’agissant des activités (page 24).
- 82 % des Parisiens se disent préoccupés par les questions relatives au bruit et aux nuisances sonores. (page 30).
- 34 % des Parisiens disent que le bruit a augmenté depuis la crise sanitaire (vs. 26 % des Franciliens)
- Les Parisiens sont les Franciliens qui sont le plus gênés par le bruit à domicile (67 % vs. 56 % – page 41)
- 11,4 % des Parisiens citent comme 1ère source de bruit à domicile les Clients des bars, cafés, restaurants + Établissements diffusant de la musique (page 45) et 7.9 % les chantiers (page 46).
- A Paris, le bruit généré par les personnes à l’extérieur gêne plus que le bruit des transports (page 48)
- 32 % des Parisiens sont surtout gênés le soir par les bruits provenant de l’extérieur.
- 56 % des Parisiens sont concernés par plusieurs sources de bruit à l’extérieur (page 55).
- 67 % des Parisiens affirment qu’il leur arrive de devoir fermer leurs fenêtres, 49 % d’être fatigués, 46 % de ne pas trouver le sommeil et 20 % de prendre des médicaments parce qu’ils sont gênés par le bruit et les nuisances sonores à leur domicile. (page 59)
- 29 % des Parisiens ont déjà fait appel aux forces de l’ordre pour remédier aux problèmes de bruit dans leur logement.
- 32 % des Parisiens ressentent souvent à très souvent les effets du bruit sur leur qualité de sommeil (page 88)
- 15 % des Parisiens sont membres d’une association ou assistent à des réunions sur ces thèmes (lutte contre le bruit, défense de l’environnement, cadre de vie …)