Pourquoi la Mairie étend-elle encore les terrasses ?

Pourquoi Anne Hidalgo souhaite-t-elle donner encore plus de place à l’activité des cafés-restaurants alors que son essor menace l’écosystème parisien dans de nombreux quartiers et le concept de la ville du ¼ d’heure ?

Les cafés-restaurants ne cessent de se développer à Paris.

Une étude de l’APUR sur les commerces à Paris en 2020 révélait que 25 % des commerces parisiens sont désormais des cafés-restaurants vs. 20 % en 2003. Paris a ainsi vu le nombre de ses cafés restaurants augmenter de 2561 établissements en 17 ans.

La réglementation sur les débits de boissons est bafouée depuis longtemps à Paris.

Selon la règle du quota figurant à l’article L. 3332-1 du code de santé publique, il ne doit pas y avoir plus d’1 débit de boissons pour 450 habitants. Une dérogation est prévue par le décret 2017-933 pour les communes touristiques, elle prend en compte les hébergements de tourisme. Nous avons fait les calculs :

NB : Nous avons demandé à la Préfecture de Police de Paris de valider ces calculs. Nous sommes en attente de leur réponse.

D’après ces données, Paris ne devrait donc pas avoir plus de 5 600 débits de boissons. En l’occurrence, Paris compte déjà plus de 15 000 cafés-restaurants.

A Paris, il y aurait 1 licence IV pour 200 habitants, mais il y aurait

  • 1 licence IV pour 80 habitants dans le 2ème arrondissement,
  • 1 licence IV pour 100 habitants dans le 11ème arrondissement.

On est très loin de l’esprit de la loi !

Afin de réguler cet état de fait, la logique qui devrait primer serait de réduire l’espace dévolu à ces établissements plutôt que de l’augmenter !

Le développement de la monoactivité bistrotière et des terrasses menace l’écosystème des quartiers et va à l’encontre du concept de la ville du ¼ d’heure.

  • Le développement des bars et restaurants est particulièrement important dans certains quartiers comme Paris Centre et les 10ème, 11ème et 18ème arrondissements.
  • Dans un quartier comme Montorgueil, les petits commerces ont petit à petit laissé la place aux cafés-restaurants. Ceux-ci ont créé une poussée des prix des baux commerciaux qui élimine de l’environnement les petits commerces moins rentables.
  • Les autorisations de terrasses viennent aggraver ce phénomène. En augmentant le chiffre d’affaires des bistrotiers, elles augmentent mécaniquement le montant des fonds de commerce et des baux commerciaux, qui deviennent inaccessibles à d’autres types de commerces.

Un espace public bradé au profit d’une profession

  • Les droits de terrasses annuelles sur trottoir à Paris oscillent entre 18,35 €/m²/an et 147,8 €/m²/an selon l’occupation du trottoir (1/3 ou 1/2) et selon la catégorie de la rue.
  • Sachant que le prix moyen des loyers des commerces à Paris s’élevait en 2021 à 524 € / m² / an, les tarifs des terrasses sont complètement sous-évalués par rapport au marché.
  • En comparaison, à Lyon, la redevance des terrasses est comprise entre 49 € et 88 €/m²/an selon la localisation mais le prix moyen des loyers des commerces à Lyon est deux fois moins élevé qu’à Paris, s’élevant en 2021 à 246 €/m²/an.

Un cadeau fait à une profession au détriment des Parisiens

  • Les impôts des contribuables compensent l’argent qui n’est pas récolté,
  • Les Parisiens subissent d’importantes nuisances de nature à dégrader leur santé,
  • Les Parisiens habitant au-dessus des terrasses voient la valeur de leur bien diminuer jusqu’à -30 % à l’arrivée d’une terrasse sous leurs fenêtres.
  • Certains investissent dans des triples vitrages ou doivent réaménager leur habitat pour ne plus dormir sur rue. Ils perdent de l’argent alors que les cafetiers s’enrichissent à moindre coût.
  • Les locataires et propriétaires qui n’ont pas les moyens de déménager doivent subir les nuisances.

Ndlr : les redevances des terrasses estivales n’ont pas encore été votée, mais elles devraient coûter plus cher que les terrasses annuelles : entre 64 €/m² et 273.60 €/m² selon la catégorie de la rue. On ne comprend pas pourquoi elles sont plus chères que les terrasses annuelles alors qu’elles ne peuvent être exploitées que 7 mois / an et jusqu’à 22h00. Où est la cohérence ? La Mairie a-t-elle pris en compte les nuisances qu’elles provoquent pour justifier ce tarif plus élevé ou bien plutôt la rentabilité qu’elles génèrent ?